vendredi 17 février 2017

Question chaude : faut-il bouger l'été en Nouvelle-Zélande ?

Les titres du NZ Herald le 25 janvier 2017


Alors que les "grandes vacances d'été" 
viennent de se terminer en Nouvelle-Zélande 
et que les écoliers ont repris le chemin de l'école, 
une question a beaucoup
alimenté les conversations
après avoir fait l'actualité 
 fin janvier :

Faut-il changer les dates de l'été ?

Voilà une problématique 
qui rejoint un sujet 
que j'avais développé avec :




Cette fois, il ne s'agit toutefois pas tout à fait de la question des dates des saisons, toujours aussi floues, mais de celles des vacances d'été que certains voudraient voir décalées d'un mois, la faute à l'été pourri ! 




Mais de quoi s'agit-il exactement (2) ?

1 - Cette année, dans la plupart des régions de Nouvelle-Zélande, l'été a été plutôt pourri en décembre et en janvier avec des records de froid au sud du pays. L'été a semble-t-il fini par arriver en ce début de mois de février après avoir tardé à venir.

2 - À cette réalité, s'ajoute la "perception" qu'il s'agit d'une tendance : que l'été n'est plus ce qu'il était, qu'il a glissé pour se "décaler" un peu plus tard par rapport à ce que le pays pouvait connaitre par le passé, pour des raisons que certains n'hésitent pas à attribuer aux changements climatiques. 

3 - En Nouvelle-Zélande l'année scolaire démarre en février, entre Auckland's Day et Waitangi Day. Comme dans le reste du monde occidental, elle fait suite à une longue coupure pour les "vacances d'été" qui commencent ici un peu avant Noël, à la mi-décembre, au début de l'été austral.

Conclusion : décembre et janvier sont pourris, l'été tarde et février est plus estival si bien que les grandes vacances sont gâchées alors que les enfants doivent retourner à l'école au moment où il fait le plus chaud et le plus beau.

De là à la solution, il n'y a qu'un pas : il suffit de changer les dates du calendrier scolaire pour faire en sorte que les vacances d'été commencent en février au lieu de fin décembre


Pétition Peter Dunne/United Future 2017
Peter Dunne, député parlementaire pour le parti centriste United Future*, s'est emparé de la question fin janvier :
 il a d'abord lancé une pétition 
avant de soumettre sa proposition au parlement pour qu'elle y soit étudiée (4)
Cela risque de prendre un peu de temps parce qu'une modification du calendrier aurait des  conséquences pour plusieurs secteurs d'activités importants, de l'éducation à l'industrie touristique en passant par les services publics. 
Mais le député est confiant, fort d'avoir déjà initié et porté le projet du changement des horaires d'été effectif dans le pays depuis 2007.


L'idée du nouveau calendrier serait d'avoir :

→ une coupure courte au moment des fêtes de Noël et du nouvel an,
→ un retour à l'école en janvier pour terminer l'année scolaire,
→ des vacances d'été décalées à février,
→ une reprise pour une nouvelle année scolaire en mars.


Du côté de l'éducation (2), cela pourrait être une bonne chose car la reprise en février avec un temps chaud n'est pas toujours favorable à la concentration en classe. Par contre, du fait de programmes chargés et déjà difficiles à boucler, un changement n'est envisageable qu'avec un glissement équivalent des périodes d'examens... mais alors, la période des fêtes de fin d'année n'aura rien d'idéal pour ceux qui doivent faire rapidement les corrections.

Des industriels du tourisme (2) estiment quant à eux que cela peut avoir des retombées positives si l'on considère qu'un temps plus stable et plus chaud incitera les Kiwis à profiter d'avantage de ce que le pays à offrir et que les professionnels seront moins soumis aux risques d'annulations liées aux intempéries au moment des grandes vacances. Par contre, les modifications de calendrier envisagées risquent d'exacerber une demande saisonnière déjà tendue en faisant coïncider les grandes vacances nationales avec la plus haute saison pour les visiteurs internationaux dont la demande a été boostée ces dernières années côté asiatique du fait des vacances du nouvel an chinois.


Beaucoup de points à résoudre, peser et débattre qu'on pourrait résumer à:
les Kiwis ne sont pas sortis de l'auberge ! 


Et ceci d'autant moins qu'on peut tout de même s'interroger sur la justesse du postulat de base qui stipule que :

"L'été est meilleur en février qu'en janvier" 

Alors, mythe ou réalité ?

C'est une analyse sur laquelle mon journal de référence (3) s'est là encore penché en faisant appel à l'expertise d'une scientifique du NIWA (National Institute of Water and Atmosphere) qui a étudié et comparé les températures maximales et le nombre de jours de pluie enregistrés en janvier et en février sur une période longue et significative.

Qu'indiquent les chiffres ?

Si les gens ont généralement l'impression que février est le mois le plus chaud et le plus sec, ce n'est pas la même réalité suivant les régions. Pour Gisborne et Masterton par exemple, février est, en moyenne, plus humide et plus froid que janvier. Globalement et sur la durée, les températures moyennes de janvier et février ne diffèrent que d'un seul degré. La "perception" actuelle d'une différence plus importante est sans doute faussée par le mois de février exceptionnel de 2016 pendant lequel des records de températures avaient été enregistrés. L'étude de l'historique contrebalance cette impression et montre que ce mois n'est pas toujours le meilleur et qu'il n'est pas à l'abri d'épisodes de mauvais ou même de très mauvais temps.
Pour la scientifique, aucun élément de l'analyse ne permet de conclure à un quelconque "glissement" ou changement de rythme de l'été. Cette période est tout simplement et par définition "variable" et cette variabilité du climat est seule responsable du temps d'été.

Dans le même article (3), les journalistes se sont amusés à reprendre et décortiquer tous les chiffres, à grand renfort de courbes et de comparaisons sans finalement détecter de "nouvelle" tendance ou aboutir à d'autres conclusions.

En fait, si le temps d'été en Nouvelle-Zélande est très variable c'est lié
à sa position unique et extrême sur le globe terrestre (1) :
deux îles des 40ème rugissants, complètement isolées et soumises aux influences des vents du sud Pacifique !

Alors si la Nouvelle-Zélande n'est pas chapeautée par les hautes pressions d'un anticyclone, le pays est totalement exposé. C'est ce qui s'est passé en cette fin d'année 2016 et ce début 2017 : les anticyclones restaient au dessus de la mer de Tasman et le sud de l'Australie pour laisser le pays soumis à un temps extrêmement variable, empêchant l'installation d'un été long et chaud.






Tout ça pour dire que les fondements scientifiques d'un changement de temps sont loin d'être établis et que la donne n'est de toute façon pas maîtrisée. Le débat sur l'opportunité d'un changement de calendrier scolaire n'en est pas moins lancé et les parlementaires auront à se prononcer.

Une affaire à suivre en ne perdant tout de même pas de vue, bon sens oblige :

la Nouvelle-Zélande est le "pays du long nuage blanc" 
pas celui du "soleil chaud et sec" (1).  

(ou alors ça se saurait !)


Nota :
* Député depuis 1984, Peter Dunne est aujourd'hui l'unique représentant au parlement du parti centriste United Future. Il a toujours occupé une position ministérielle dans les gouvernements qui se sont succédés depuis 2008 (sauf le temps d'une suspension en 2013, levée en 2014), associé avec le parti Maori au parti gouvernemental minoritaire.

Sources et plus d'infos :
(1) New Zealand Summer : why are we waiting ? - NZ Herald 08/01/2017 - ICI
(2) Change of seasons: Time to move the Kiwi summer ? - NZ Herald 25/01/2017 - ICI
(3) Is summer really occuring later ? We crunch the numbers - NZ Herald 29/01/2017 - ICI
(4) United Future leader Peter Dunne launches petition on whether New Zealand should change summer dates - NZ Herald 26/01/2017 - ICI
(2) Summer solution: move it - Via pressReader - ICI

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